Quand j’ai appris que JR allait faire un soloshow à la Maison Européenne de la Photographie je suis un peu tombée de ma chaise. Je n’ai pas compris car, même si le lieu avait déjà collaboré avec l’artiste (sur la façade extérieure où JR avait collé ses fameux portraits), je trouvais que les deux univers ne correspondaient pas.
La MEP a une programmation contemporaine mais relativement classique loin de l’univers street-art et grand public de JR. En effet le travail de l’artiste est très intimement associé à la rue car JR fut d’abord grapheur. Il trouva ensuite un appareil dans le métro et se lança, par hasard, dans la photographie. Ses premiers murs seront, assez naturellement, ceux de la rue et plus particulièrement ceux de la ville de Montfermeil où il colle de grands portraits de ses habitants.
D’ailleurs, la rue, la vie, le hasard, donne souvent leur sens final aux œuvres de JR. En voici un bel exemple :
Dans une des salles de la MEP vous trouverez la reproduction d’une gigantesque fresque représentant près de 750 personnes d’un quartier de Montfermeil. Chaque personnage a été photographié dans la rue, sur fond vert dans une posture libre. L’artiste a ensuite composé une fresque, telle un tableau de la Renaissance, qui fait près de 38 mètres de long dans son format initial. Les habitants de Montfermeil, fortement stigmatisés pendant les émeutes de 2005, trouvent un visage, une représentation dans cette œuvre qui sera exposée au palais de Tokyo puis dans une rue de leur ville. Le président de la République (François Hollande) l’inaugurera et la classera monument national.
C’est, finalement, dans cette reconnaissance nationale que le travail de JR prend toute sa force. Grâce à la photographie s’entreprend une réconciliation entre le peuple français, les habitants d’une ville et des élus.
Personnellement, je n’ai pas toujours aimé le travail de JR car j’ai souvent estimé que seul son caractère monumental lui donnait du sens et de l’esthétisme. Les photos sont très classiques sorties de leurs installations. Pourtant en apprenant à mieux connaitre son œuvre, j’ai compris, au fil de ses propositions, son obsession : représenter les « gens » partout et n’importe où. Porter des causes qui lui sont chères (droits des femmes, sort des réfugiés…) au 4 coins de la planète : les placarder en grand pour que personne ne les oublie. JR, dans ses installations pourtant très modernes et originales revient à un usage très classique de la photographie : dénoncer.
JR - Momentum la mécanique de l'épreuve
Jusqu'au 10 février