La série :
"La série le bruit rouge d’une hétérotopie est le 7ème chapitre de l’ouvrage Flainoz, petite cosmogonie montagnarde ouvrage réalisé à Flaine (74) dans le cadre d’une résidence au Centre d’Art.
Dans cet ouvrage, je regarde, photographie et raconte l’histoire d’une montagne à travers des rapprochements formels avec les composantes essentielles du Bauhaus : les formes et les couleurs . Dans ce 7ème chapitre après avoir après avoir arpenté et exploré les alentours - traité de la morphogénèse dans l’hypothèse de la mer et les dernières eaux, de la faune, de la marche et des chemins dans la dissonance des sentiers, du pastoralisme dans les récifs de la zone de repas - , je retourne dans la station construite par Marcel Breuer, un des principaux architectes de Bauhaus.
Photographié de la sorte le bâti est gris et les arbres sont rouges. Pourquoi artificialiser la nature, la forêt ? Pourquoi apposer un filtre entre soi et le réel ? En fait, il n’y a pas d’artifice, pas de postproduction dans ces images. Il s’agit de photographies prises en proche infrarouge – longueur d’onde lumineuse que l’œil humain ne perçoit pas – et qui fait apparaître par un dégradé de rouge le dégagement de chlorophylle des végétaux. Pratique pour les biologistes et géographes puisque la photographie en proche infrarouge permet de percevoir l’état de santé d’une forêt bien plus précisément que la photographie dans un prisme humainement visible. Une fois compris cet usage, ce n’est plus la nature rouge que l’on regarde mais ce qui n’émet pas de chlorophylle, ce qui n’est pas naturel. S’impose alors sans retenue le gris du bâti en béton : l’architecture, créée pour se fondre dans le paysage montagnard – telle était l’ambition des constructeurs de la station – apparaît alors dans toute sa brutalité, dans toute son incongruité."
Le photographe :
Alexis Bérar est né en 1976, il vit et travaille à Grenoble. Sa pratique est celle de la pho- tographie, qu’il travaille de manière sérielle, entremêlant champs du documentaire et de la fiction. Son regard se porte sur les traces tangibles autant que sur des indices poétiques. Sa sensibilité est poreuse à l’accident et l’impromptu. Un questionnement est au centre de son processus artistique et lie toutes ses productions, celui de l’habiter – l’habiter entendu comme ensemble d’interactions entre humains et territoires. Autrement dit, comment les humains vivent un territoire et le façonnent et comment le territoire influe sur les humains et induit des manières d’être et de faire individuelles et sociales. Cette pratique se déploie dans un temps long ponctué de résidences artistiques, d’expositions, d’éditions et d’ateliers de transmission qui participent sans cesse à la nourrir et à la déplacer.
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